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Paludisme
Objectifs
Savoir évoquer un accès palustre devant une �èvre.
Prendre en charge le bilan et le traitement en l’adaptant à l’état du
patient.
Définition
Le paludisme est une maladie infectieuse due à un parasite du genre Plas-
modium. Il est transmis lors du repas sanguin du moustique femelle du
genre anophèle.
Il existe quatre espèces de Plasmodium pathogènes chez l’homme :
•
le Plasmodium falciparum qui donne les accès les plus graves mais sans
rechute tardive ;
•
•
•
le Plasmodium vivax ;
le Plasmodium ovale ;
le Plasmodium malariae.
Après la piqûre de l’insecte, le parasite se développe et se transforme dans
le foie. Au bout de 5 à 15 jours, sans symptôme, le parasite quitte le foie
par vagues et infeste les hématies dans lesquelles il se multiplie. Lorsque
les hématies éclatent, les signes de la maladie apparaissent : �èvre, cépha-
lées, nausées, asthénie…
Les zones de transmission du paludisme et de résistance du parasite
varient. En 2008, on peut très schématiquement partager le monde en
trois zones :
•
•
•
Afrique noire et Guyane, où le paludisme est très prévalent et où se
transmet principalement le falciparum.
Asie, où le paludisme est presque rare et où se transmettent principale-
ment les autres Plasmodiums (sauf régions très particulières).
Europe, Amérique du Nord, où on ne voit que des paludismes d’impor-
tation. La France est le pays d’Europe qui en reçoit le plus.
Signes
Les signes suivants, pouvant paraître très banals, doivent être interprétés
dans le contexte d’un retour de voyage :
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Paludisme
•
•
•
•
Fièvre souvent isolée ou avec frissons et sueurs.
Céphalées.
Nausées, vomissements.
Asthénie.
Toute �èvre chez un patient revenant depuis moins de trois mois
d’une zone endémique est un paludisme jusqu’à preuve du
contraire (quels que soient les signes associés).
Signes de gravité selon l’OMS
Ces signes de gravité « officiels » (cf. tableau) sont tardifs. Lorsqu’ils sont
présents la gravité est évidente et la réanimation s’impose d’urgence. Or,
à ce stade, elle peut déjà être mise en échec.
Signes de gravité (OMS)
Trouble de la conscience
Convulsions
Insuf�sance rénale (créatinine
≥ 265 µmol/L)
Ictère
État de choc
Œdème pulmonaire, détresse
respiratoire aiguë
Acidose métabolique
Hypoglycémie (≤ 2,2 mmol/L)
Anémie sévère (Hb ≤ 6 g/dL)
Hémorragie, troubles de l’hémostase
Hémoglobinurie
Bilirubine totale ≥ 50 µmol/L
Parasitémie > 4 %
Facteurs de gravité à considérer aux urgences
Des signes permettent une discrimination précoce des malades afin de
débuter le traitement adapté et d’éviter l’aggravation (cf. tableau).
Facteurs de gravité
Retard de diagnostic ou du traitement, Présence de vomissements, voire
délai de plus de 10 jours depuis le retour simplement de nausées
Absence de prophylaxie
Immunodéprimé
Enfant en bas âge
Dif�culté de suivi du traitement
ambulatoire
Simple ralentissement idéique (excellent
signe précoce de l’accès pernicieux)
Élévation modérée de la créatinine, des
transaminases, de la bilirubine
La présence d’un seul de ces facteurs de gravité doit conduire Ã
débuter un traitement d’urgence et en hospitalisation.
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Paludisme
Certains diagnostics sont à considérer car les signes peuvent être similai-
res :
•
méningite : en cas de suspicion, on associera à la recherche de paludisme
une ponction lombaire ;
dengue (arbovirose) : il s’agit d’un diagnostic que l’on évoque une fois
•
que le paludisme a été formellement éliminé. Le diagnostic se fait sur une
sérologie spéci�que.
Premiers gestes – Questions au patient
•
L’interrogatoire du patient ou de l’entourage précise le contexte :
–
–
–
–
Voyage récent dans une zone de transmission palustre.
Faire préciser la durée du voyage, la date du retour, les lieux visités.
Y a-t-il eu prise de prophylaxie antipalustre ? Laquelle ? À quelle dose ?
Y a-t-il eu des tentatives de traitement de l’épisode fébrile et par quels
médicaments ?
L’interrogatoire est essentiel.
•
Évaluer l’état clinique du patient en contrôlant les paramètres : PA,
pouls, température, FR, saturation en O .
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Évaluer l’état de la conscience.
Prise en charge – Bilans, traitement
Au minimum :
•
•
NFS.
Frottis sanguin avec goutte épaisse (résultat obtenu en 1 h) et recherche
des antigènes du P. falciparum.
•
•
•
•
•
Bilan hépatique complet.
Hémostase.
Hémoculture.
Ionogramme, créatinine, urée, glycémie.
ECG.
Con�rmer le diagnostic par le frottis sanguin.
Récupérer le résultat le plus rapidement possible.
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Paludisme
Accès de paludisme simple : aucun signe de gravité ni aucun
facteur de risque
•
–
Commencer le traitement par voie orale :
Quinine (Quinimax) 8 mg/kg toutes les 8 h pendant 7 jours (sans dépas-
ser 2 g/24 h) .
–
•
Donner la première prise à l’hôpital.
Autres traitements possibles :
–
–
–
Halofantrine (Halfan).
Méfloquine (Lariam).
Malarone, traitement cher mais efficace et très bien toléré : 4 compri-
més à prendre au cours d’un repas à 24 h d’intervalle 3 jours de suite.
Expliquer l’importance du traitement et de la posologie.
•
Accès de paludisme sévère : signes de gravité ou facteur de risque
•
Pose d’une voie d’abord : remplissage et apport de glucosé adaptés Ã
l’état clinique et hydroélectrolytique.
•
Quinine IV (Quinimax) :
–
–
8 mg/kg toutes les 8 h au PSE.
Possibilité de faire une première dose de charge à raison de 16 mg/kg Ã
passer en 4 h au PSE.
Débuter les gestes techniques nécessaires à la sécurité du patient en
fonction de son état clinique.
Débuter le traitement en urgence, le pronostic en dépend.
Surveillance – Évaluation
•
•
Surveiller le bon débit du traitement et du soluté de perfusion.
Tolérance :
–
–
•
Paramètres cliniques (FC, FR, PA, température, conscience).
Glycémie capillaire (risque d’hypoglycémie).
Transmissions écrites de tous les soins faits au patient à joindre au dos-
sier médical.
Orientation
•
•
Admission en réanimation dès le moindre signe neurologique ou appa-
rition du moindre signe de gravité.
Admission en médecine (ou UHCD) en absence de signe de gravité mais
présence d’un facteur de risque : un traitement oral et une sortie pour-
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Paludisme
ront être rapidement programmés en cas d’évolution favorable après
les premières heures.
•
Retour au domicile en relais de l’hospitalisation ou immédiatement en
absence de facteur de risque : traitement oral avec suivi par le médecin
traitant ou une autre structure médicale ; ce patient doit être revu par
un médecin dans les 48 à 72 h pour évaluer l’efficacité du traitement.
Bien s’assurer que le traitement sera disponible en ville et qu’il est
compris par le patient ou son entourage.
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